Café Débat #5 – Indispensables énergies renouvelables
Nous étions une vingtaine présents à ce café débat. Alain Bourrelly, anciennement en charge du développement des énergies renouvelables et nouvelles technologies énergétiques à la Région, a partagé un document (disponible en bas de cet article) qui présente les différentes énergies renouvelables.
Son exposé a été suivi d’applaudissements nourris.
Une série de questions a permis de préciser les termes du débat :
L’importance du réseau
C’est grâce à lui qu’il y a solidarité au niveau français, d’abord entre le rural et l’urbain grâce à la CSPE (Contribution au Service Public d’Electricité) [1].
Il permet de limiter les investissements inutiles grâce au foisonnement (quand les uns consomment, d’autres ne le font pas) et de choisir l’énergie primaire la meilleure pour alimenter le réseau (l’hydraulique permet une réaction rapide : 15mn. Il faut 2 jours pour relancer une usine nucléaire).
Actuellement (chiffres de 2020), le réseau est alimenté à 67 % par le nucléaire et à 25 % par les EnR.
RTE propose une application pour visualiser en temps réel la répartition par filière (nucléaire, gaz, solaire…) de l’électricité produite en France : https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere
L’impact sur l’environnement
Les EnR, comme toutes les énergies, ont un impact sur l’environnement. Le PV (photovoltaïque) nécessite du bore et du cadmium ; l’éolien du néodyme, mais pour l’éolien d’autres techniques existent comme les rotors bobinés. Il faut donc avant tout économiser l’énergie en étant plus sobre et plus efficace. Il faut ensuite évaluer les impacts sur l’environnement de chacune des filières pour choisir les meilleurs usages.
Le bois, pour ne pas polluer, nécessite l’utilisation de matériels labelisés « flamme verte » qui permettent une meilleure combustion (rendement à plus de 80% quand on utilise le bois pour générer de la chaleur). Le contrôle de la pollution est encore meilleur pour des chaufferies plus importantes utilisées pour alimenter des petits réseaux de chaleur (un lotissement, un réseau de chaleur alimentant le centre-ville d’une petite commune comme à Plan d’Aups). Les grosses chaudières, comme celle de Gazel Energie à Gardanne / Meyreuil, utilisées pour la production de l’électricité ont un très mauvais rendement (35%) et désorganisent la filière en diminuant la ressource pour les petites chaufferies. Ce serait pis avec le projet Hynovera, qui risque de donner des arguments de greenwashing au lieu de participer à la baisse des trafics aériens.
Les différentes technologies
L’éolien
Les études sont obligatoires et souvent très longues. Des Etats européens ont fait des études (états des lieux environnementaux) qui leur ont permis de faciliter et localiser les investissements possibles. La France commence à le faire pour l’éolien offshore.
En Méditerranée, les éoliennes ne peuvent être posées sur le sol, elles seront donc flottantes avec des problématiques d’ancrage nécessitant des investissements ad’ hoc. Les Écossais ont plusieurs démonstrateurs. D’ici 10 à 12 ans, les prix de ces deux technologies seront alignés
Marseille accueille certaines années le salon FOWT – Floating Offshore Wind Turbine, le prochain aura lieu à Nantes.
Qu’en est-il des éoliennes à axe vertical qui auraient peut-être moins d’impact sur l’environnement ? Le projet éolien offshore flottant à axe vertical Nenuphar a fait faillite. La mutation d’une technologie existante à une échelle industrielle (axe horizontal) nécessitant une rupture technologique n’est jamais une chose facile.
Les STEP. Stations de transfert d’énergie par pompage.
Deux projets avaient été étudiés, l’un sur le plateau des Mées avec la SCP et la mairie de Puimichel et l’autre au lac de Sainte Croix. Nous n’avons pas d’information sur leur avancée.
Des réflexions sur les STEP en mer qui se basent sur le débit plutôt que sur la hauteur de chute sont à l’étude.
Le Danemark et la Norvège ont des échanges de type stockage de l’électricité par STEP.
Le barrage de Grandmaison ou celui de Sainte-Croix bénéficient d’une STEP. La Suisse utilise l’électricité française, la nuit, quand elle n’est pas chère pour remonter l’eau dans ses lacs et revend l’énergie hydraulique le jour au moment des pointes de consommation, quand elle est plus chère.
Une taille critique est nécessaire pour une bonne rentabilité. Pourtant des ingénieurs du CEA avaient commencé à travailler sur la modélisation de petites STEP.
Le photovoltaïque
La rentabilité pour un particulier dépend de nombreux facteurs[2] Un article de UFC Que choisir, il y a moins d’un an, donnait des éléments sur le sujet, à la fois sur les gains économiques et gains en CO2.
Une autorisation de travaux doit être demandée à la commune. Il y a quelques temps, l’ABF (Architectes des Bâtiments de France) n’a pas empêché une installation dans le périmètre de la Chapelle Saint-Michel.
Le photovoltaïque est recyclable. Les taux moyens atteignent actuellement 90% pour les modules en silicium et jusqu’à 97% pour les modules PV sans silicium, PV CYCLE est la référence dans le secteur, une usine se trouve à Rousset : https://pvcycle.org/
Des expériences existent de regroupement à l’échelle d’un village, elles sont présentées dans des sites internet comme celui de Soleil de l’Arc ou d’Energie partagée.
A Calas, une installation sur la maternelle[3] alimente une coopérative qui transfère l’énergie produite aux maisons d’un lotissement voisin.
Mettre des panneaux sur de grandes surfaces comme les hangars de stockage est très favorable, mais parfois le renforcement nécessaire des charpentes rend l’opération non rentable. Géant Casino a créé une filiale pour le photovoltaïque . Le parking d’Airbus à Marignane est équipé et a un impact indirect, en plus, car les voitures ne sont pas surchauffées.
L’agrivoltaïsme peut permettre la pérennité de certaines exploitations. Les serres photovoltaïques peuvent avoir un impact positif sur la croissance de certaines plantes. Une entreprise d’Aix vend ce type de matériel.
Le stockage
Les « batteries » pour stocker l’électricité ne sont pas recommandées pour les particuliers. Elles ont une fabrication « sale », ne sont pas rentable. Il vaut mieux une autoconsommation et la revente du surplus.
L’hydrogène (H2) permet une forme de stockage inter-saisonnier à grande échelle (Power to gaz). Les Allemands ont mis au point un électrolyseur lié à une pile à combustible qui donne une autonomie à un foyer en maison individuelle. Mais cela coûte 50 000 €.
La plus grosse aciérie allemande va être convertie à l’hydrogène.
Jupiter 1000 sur la zone de Fos utilise le CO2 des fumées d’Ascometal et la production des 4 éoliennes de Fos pour fabriquer du méthane de synthèse utilisant le réseau gaz.
Le gaz naturel admet un apport de 5 % d’hydrogène qui pourrait passer à 10 %.
L‘hydrogène est surtout adapté aux véhicules industriels, et au transport collectif (camions, trains, navires), une station d’avitaillement se trouve à Fos. Pourtant, à Paris, on trouve des taxis à l’hydrogène, des Kangoo peuvent être converties à l’hydrogène par une entreprise de Grenoble. Une entreprise des Alpes produit des cyclos à l’H2.
Le solaire thermique
Sur un prix moyen de 6.000 €, le matériel représente 4.680 € et la main d’œuvre 1.320 €. Il n’y a pas de besoins supplémentaires durant l’été. Durant l’hiver, le couplage à un chauffe-eau thermodynamique est recommandé par l’un des présents.
Dans certains pays, le solaire thermique est très rentable (Grèce) du fait des matériels robustes mis en place, en France c’est considéré comme cher, mais, en cas de coupure complète de l’énergie (gaz ou électricité), on dispose d’au moins 2,5 jours d’eau chaude.
Les aides
La Maison Energie Habitat Climat[4] dans le CPIE d’Aix peut donner les informations mises à jour.
Suite de ce café-débat
Pourquoi ne pas former un groupe pour investir dans le photovoltaïque ?
Pour mémoire, une personne s’était inscrite à cette fin lors de la dernière fête de la nature, une autre personne s’inscrit ce soir. Si un groupe plus important faisait connaître ce souhait à la municipalité, elle serait peut-être intéressée.
Comme à chaque fois, les discussions autour de l’apéritif ont duré.
[1] La CSPE est une taxe qui contribue au service public de l’électricité. Elle porte sur toute livraison d’électricité acheminée vers un consommateur final. Les fournisseurs d’électricité, et les personnes qui produisent de l’électricité doivent s’en acquitter. Les fournisseurs d’électricité collectent la CSPE puis la reversent à la Douane française.
[2]. Pour une installation de 3 kWc composée de 8 panneaux (15 m2 de toiture), facturée 8 990 €. Le coût de revient effectif après déduction de la prime à l’autoconsommation — 1 140 € — est de 7 850 €. Note : l’exemple tient compte d’une prime à l’investissement de 380 €/kWc, valable au premier semestre 2022. Depuis, la somme a été augmentée à 390 euros par kilowatt crête. Avec des conditions idéales d’ensoleillement dans le sud de la France, de l’inclinaison du toit, de l’exposition de la maison et du type de panneau, la production attendue de l’installation est de 4 365 kWh par an générant des économies estimées de 641 (autoconso) + 90 (revente) – 10 (TURPE) = 721 €. L‘installation sera donc entièrement amortie au bout de 10 à 11 ans. Soit un taux de rentabilité annuel de près de 10 % ! https://particulier.hellio.com/blog/conseils/rentabilite-panneau-solaire
[3] https://serenysun.fr/communautes/cabriescalas/
[4] Contacts : Maison Energie Habitat Climat, Parc d’Ariane Bat B, 11 Bd de la Grande Thumine, 13100 Aix-en-Provence, Tél. 04 42 93 03 69, http://www.eco-renovez.fr/
ENR octobre2022