Propriétaire écovigilant pour la biodiversité
La biodiversité « ordinaire » est soumise à de multiples pressions : urbanisation, destruction et artificialisation des milieux naturels, pollutions industrielles et agricoles, déforestation, surexploitation des ressources naturelles, introduction d’espèces envahissantes, changements climatiques. Globalement la nature ordinaire disparaît ou se dégrade sans que nous en ayons suffisamment conscience. Par exemples : la mortalité des abeilles domestiques a atteint 30 % en 15 ans. Pourtant, 80 % des cultures dépendent d’elles et des pollinisateurs sauvages ; l’agriculture intensive a détruit 90 % de l’activité biologique des sols, dont les vers de terre. Pourtant la fertilité de nos terres dépend d’eux. ; 20 % des plantes sauvages sont menacées. Pourtant, 1 médicament sur 2 est d’origine végétale.
Or, il est possible d’aider la nature en restaurant des espaces qui permettent la survie ou le retour d’espèces communes, banales mais néanmoins indispensables.
Si vous êtes un propriétaire « écovigilant » et souhaitez maintenir la biodiversité dans votre espace, voici quelques conseils[1] :
L’idéal est de créer une succession de mini espaces « naturels » en mosaïques avec chacun son cortège de populations. La biodiversité en sera favorisée.
Les arbres à avantager
Les chênes pubescents, les amandiers, ormes, peupliers, saules, troènes sauvages (Ligustrum vulgare), prunellier, aubépine, merisier, poirier sauvage, érable champêtre, coronille…
Si les espèces à feuilles caduques sont trop rares, favoriser le chêne vert.
De plus il faut prendre en considération que les surfaces en vigne, oliviers ou tournesols sont stériles pour les papillons diurnes dont beaucoup sont en voie d’extinction dans les Bouches-du-Rhône. De même les pins, cyprès, cadiers (ou genévriers), ajoncs, chênes kermès peuvent concurrencer les arbustes et arbres à feuille caduques. Il faut également limiter en petit nombre les genêts d’Espagne (Spartium junceum , les viornes tin, très prolifiques, les rosiers sauvages, et les ronces en dehors des haies.
Les plantes basses à préserver lors du débroussaillage
Le thym, les menthes, les knauties, les lavandes, quelques fenouils et deux espèces très particulières de chardons vivaces (Eryngium campestre (fleurs vertes et mini inflorescences blanches, à l’allure d’oursin) et Echinops ritro (fleurs bleu vif à l’allure d’oursin)).
Dans les haies, laisser prospérer les ronces, les prunelliers.
Beaucoup d’espèces de papillons et de coléoptères (Cétoines, Capricornes, Buprestes, …) butinent les fleurs de ronciers ou se nourrissent et se reproduisent sur ces plants (notamment de nombreuses chenilles)
Il est important de ne pas brûler (écobuage) les haies ni d’épandre de désherbants ou débroussaillant, sinon l’écosystème des haies, si précieuses en insectes qui servent eux-mêmes de nourriture aux passereaux nicheurs dans ces milieux refuges, sera détruit.
Créer des « effets corridors »
Les insectes peuvent repeupler les jardins à partir des garrigues et bois environnants si un « corridor » est créé à partir de ces espaces. Pour cela, il est utile de mettre en place une succession continue de fleurs mellifères d’avril à août, par exemple du thym, puis des knauties (scabieuses roses), la valériane rose (Centranthus ruber), le sainfoin (Onobrychis), la luzerne (Medicago sativa), du troène (Ligustrum vulgare), des lavandes. Si l’arrosage est possible : du buddleia, la marjolaine rustique (Origanum vulgare) et du trèfle blanc. Il vaut donc mieux clôturer (au moins un des côtés du jardin) avec du grillage à grandes mailles plutôt qu’un mur afin de ménager des lieux de passage pour les petits vertébrés (hérisson, musaraignes,…). Cette succession floristique entre avril et septembre jouera le rôle d’oasis alimentaire
Le coin-refuge
Il s’agit de maintenir un coin de jardin un peu sauvage, destiné à la petite faune sauvage. Pour cela, il suffit d’installer quelques prunelliers et (ou) aubépines en haies ou laisser ces arbustes s’ils existent et maintenir une partie des pelouses avec un mélange de graminées et de luzerne et de sainfoin, ce qui donne deux périodes de floraison décalées. Il ne faut pas tondre ces zones fleuries à moins de 30 ou 50 cm entre mai et août, donc utiliser la débroussailleuse plutôt que la tondeuse. On ménagera ainsi des zones d’alimentation pour les chenilles et les papillons et leur reproduction.
Vous aurez ainsi participé à la reconquête progressive de la biodiversité « ordinaire »
[1] D’après « mesures de gestion des habitats dans un but de conservation de la biodiversité des insectes. Recommandations pour les espaces ouverts et les jardins. Méthode de génie écologique pour les particuliers soucieux d’aider les pollisinateurs en voie de raréfaction. ». Jean-Pierre Balmain, entomologiste, jeanpierre.balmain@gmail.com ou http://opie.provence.free.fr/photo/Conseils_gestion-papillons.pdf