Café Débat #2 du 25 mars – Ecoquartiers & urbanisme
A nouveau, quinze personnes se sont réunies pour ce deuxième café-débat consacré à l’urbanisme durable et aux écoquartiers.
Après l’introduction de Frédéric Solnon, rappelant les objectifs et les règles d’intervention du débat, Emeline Hatt, enseignante-chercheuse, formatrice sur l’aménagement durable et membre de la commission de labellisation des écoquartiers a introduit le sujet.
L’Aménagement durable
3 grandes thématiques ont été abordées :
- L’aménagement a un impact sur l’environnement. A Fuveau (données pour la période 2009-2020 de l’observatoire de l’artificialisation https://artificialisation.developpement-durable.gouv.fr/cartographie-artificialisation), 875 589 m² de nouvelles surfaces ont été consommées, soit 2,91 % de la surface communale nouvellement consommée (dont 636 977 m² pour l’habitat et 218 553 m² pour l’activité). C’est la commune du Haut de l’Arc qui a le plus consommé d’espace sur la période. Or la loi « portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets » promulguée le 22 août 2021 prévoit une « zéro artificialisation nette (ZAN) » pour 2050 et, pour les 10 années à venir, une artificialisation de moitié par rapport à la période précédente.
- Des outils ont été mis en place pour aboutir à cet objectif. Il y a le SRADDET (https://fuveau-demain.fr/?s=SRADDET), le SCOT (https://fuveau-demain.fr/?s=SCOT), le PLU/I (https://fuveau-demain.fr/?s=PLUI), l’agenda 21, aujourd’hui arrêté car le label était donné sans réelles obligations.Les travaux ont d’abord été concentrés sur les bâtiments moins consommateurs, voire passifs (qui ne consomment aucune énergie). Mais l’aménagement nécessite d’avoir également d’autres approches : sociales, économiques et environnementales (biodiversité, eau, transport).Des labels apparaissent maintenant comme « quartier durable méditerranéen : https://www.envirobatbdm.eu/nos-actions/demarche-quartiers-durables-mediterraneens » ou « écoquartiers : http://www.ecoquartiers.logement.gouv.fr/ »
- La démarche « écoquartier » propose une check-list sur 4 domaines : la gouvernance (concertation, association des habitants…), le social/cadre de vie (mixité sociale…), l’économie (le commerce, les mobilités…) et l’environnement (sobriété, déchets…).http://www.ecoquartiers.logement.gouv.fr/document/2016-evaluation-referentiel-tome1/http://www.ecoquartiers.logement.gouv.fr/document/referentiel-national-pour-l-evaluation-des-ecoquartiers-tome-2/Elle peut concerner l’extension urbaine ou le renouvellement de quartiers. Elle se fait en 4 étapes, la première est uniquement une lettre d’intention, la dernière prend en compte également le quartier « vécu », 4 à 5 ans après les travaux.
La DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) anime le dispositif au niveau départemental, une commission nationale labellise. En 2018, on compte 500 écoquartiers mais la moitié n’est qu’à l’étape 1. Il n’y a pas de moyens directs donnés aux collectivités mais le label permet d’avoir des subventions action par action. Le club régional permet également de l’échange d’expérience et de la formation.
L’écoquartier de Volonne (commune de 1 700 habitants dans les Alpes-de-Haute-Provence). Il est né en 2014, dans une période difficile (fermeture d’une classe, du bar…) mais avec une opportunité : la création d’une maison de santé intercommunale. Une très grande concertation a démarré le projet et la Maire, très impliquée et également compétente s’est dédiée à ce projet (seuls un bureau d’étude développement durable et un spécialisé dans les demandes de subvention ont travaillé avec elle sur le projet). Grace à son intervention elle a évité que les routes ne soient recassées pour la fibre, 22 logements sociaux ont été de qualité environnementale (changement d’opérateur social nécessaire), zéro artificialisation nette au final (rachat de route départementale et réduction de voirie et changement d’un parking en jardins), conservation de 2 cèdres centenaires sur 3 (le 3è est resté sur place sous forme de mobilier de jardin). Depuis de nouvelles initiatives citoyennes apparaissent.
https://vimeo.com/454085259?embedded=true&source=video_title&owner=6206453`
Un autre écoquartier est proche de Fuveau, celui de Coudoux qui a 15 ans et comprend 22% de logements sociaux (le prix du foncier n’a pas permis d’aller à 30%, objectif communal). Un deuxième projet est en cours.
Le temps du débat
Les questions ont fusé :
- Y-a-t-il une taille satisfaisante ? Non, cela peut aller d’un corps de ferme à des zones de 15 à 20 ha, au-delà on a le label « écocité »
- Les chantiers sont-ils écologiques ? Ce critère est prévu
- Peut-on inscrire un écoquartier dans le PLUI ? Pas en tant que tel, mais il peut y avoir une OAP (Orientation d’Amenagement et de Programmation) incluse dans le PLUI précisant des conditions (pour mémoire la maire de Volonne a modifié son PLU pour son écoquartier)
- L’AUPA (Agence d’Urbanisme du Pays d’Aix) peut-elle être un acteur ? Vraisemblablement pour les communes
- Comment les citoyens, les CIQ peuvent-ils réussir à obtenir une réflexion de type écoquartier ? Est-ce que le comité consultatif et le comité du temps long mis en place par la Commune peuvent jouer ce rôle ?
- L’institut d’urbanisme peut-il aidé des CIQ ? L’intervention d’étudiants de niveau master2 est payante, or les CIQ n’ont pas de ressources financières. L’intervention d’étudiants en Master 1 est moins professionnelle, ils ont moins de temps et sont moins encadrés
- Que penser de l’utilisation du bois ? Il existe une norme Bois des Alpes (BDA) pour avoir des bois locaux mais, le plus souvent, ceux-ci sont séchés en Italie, avec les conséquences en termes de déplacement. Il y a donc une recherche de séchage par énergies renouvelables
Des contre-références ou des difficultés ont été partagées (quartier Bonne à Grenoble avec une mauvaise utilisation des sols, vitrages d’un bâtiment AMU (Aix Marseille Université) ne respectant pas les spécifications de l’architecte, manque d’entreprise pouvant assurer la maintenance des installations solaires, contre-références sur l’installation des Pompes A Chaleur), ceci met en évidence
- la nécessité d’utiliser des technologies fiables, faciles à réparer ;
- le problème des effets d’opportunité de certaines mesures sur lesquelles s’engouffrent des entreprises non professionnelles et
- le déficit de formation dans le BTP. Pourtant, la réhabilitation, la transition pourraient être un outil puissant conduisant à des créations d’emplois.
L’association Envirobat-BDM essaie de mettre en place une solidarité interprofessionnelle sur ces questions : https://www.envirobatbdm.eu/ avec des conseils et des formations.
Il faut également se garder d’une trop grande utilisation de l’électronique (smart-grid) qui conduit à des consommations importantes dans les data-center qui représentent déjà 7% de la consommation nationale.
Mais aussi les expériences positives : le plaisir de vivre dans un écoquartier à Montpellier par exemple ; l’impact sur l’attractivité de la commune (voir Volonne). Les bénéfices pour les habitants devraient être mis en évidence pour que l’aménagement durable ne soit pas seulement une question de spécialistes
Que faire à Fuveau ?
Ne pas laisser partir des constructions sans avoir une réflexion globale. C’est la même chose au niveau de bâtiment, il vaut mieux une réhabilitation globale pour amortir plus rapidement les travaux sur l’enveloppe du bâtiment (murs…).
Les travaux du champ de l’Ouvière auraient été une opportunité pour une réflexion globale englobant les écoles, le nouveau réfectoire ; au lieu de cela, les travaux sont faits les uns après les autres sans cohérence, avec des lotissements en antenne et aboutisse aujourd’hui à une enquête, réservée aux quartiers alentour, pour un confetti de terrain non occupé. De plus, un arbre planté sur 2 est mort, par manque d’entretien, alors que l’on a supprimé des arbres anciens
Des zones pourraient bénéficier de ce type de réflexion :
- La Barque
- La ZAC Saint-Charles avec en perspective le label Parc +
- Un travail sur les friches : la gare, le château Borely, la route de Rousset avec La Roucaoudo (les habitants présents ne sont pas favorables à un Parking)
Une réflexion pourrait être conduite pour sortir des lotissements qui ne prennent pas en compte les conséquences sur la mobilité (mise en place de traverses inter-quartiers en mode doux)
Les participants se sont séparés sur l’idée que la volonté politique était déterminante et le regret qu’il n’y ait pas une forme d’obligation pour ces démarches avant un pot de l’amitié pendant lequel les participants ont montré leur satisfaction puisque les échanges riches et conviviaux ont duré jusqu’à 23 h.