Du mauvais usage des sondages
Lors de son installation en juillet 2020 Madame le Maire évoque la Démocratie Participative comme élément clé du mandat qui débute. Une délégation est créée à cette occasion. Dont acte.
Presque 2 ans plus tard, quel bilan en faisons-nous ?
La participation citoyenne, une méthode
Qu’on l’appelle démocratie participative, participation citoyenne, ou autre, la prise en compte des citoyens dans la gestion de leur commune est une science, voir un art, qui nécessite méthode, expertise, patience et humilité. Tapez Participation Citoyenne sur internet (Ecosia, pas Google), vous trouverez des centaines de sites dédiés, de références, de retours d’expérience, etc.
A l’échelle d’une collectivité -ce qui nous intéresse ici- mais également d’une entreprise, d’une association, etc. les exemples de réussites sont nombreux (voir quelques références plus loin), mais les échecs le sont aussi.
Dès lors il est crucial pour les agents et les élus de se former, éventuellement de faire appel à un professionnel pour accompagner les premiers pas (on évitera le cabinet McKinsey bien évidemment).
Comme nous le voyons sur ce schéma (très simplifié) une politique de participation citoyenne peut avoir différentes ambitions, de la simple information et transparence, à la véritable participation, synonyme de co-construction à partir des besoins exprimés par la population.
Quelques références de villes ayant poussé plus loin le curseur de la participation citoyenne :
- Loos-en-Gohelle, la participation, moteur de citoyenneté, https://www.loos-en-gohelle.fr/loos-ville-pilote/participation-des-habitants/
- Villejuif, les conseils citoyens, https://www.villejuif.fr/247/conseils-citoyens.htm
- Kingersheim, les états-géneraux permanents de la démocratie, https://www.ville-kingersheim.fr/#panel03
- Grenoble, ville citoyenne, https://www.grenoble.fr/92-citoyennete.htm
Fuveau – Etat des lieux
Nous avons évoqué plus haut le besoin en formation, en expertise, pour avancer sereinement vers une gestion plus participative. A notre connaissance aucune formation n’a été suivie par les élus, ni par les agents, ou alors nous n’avons pas été informés de la démarche, ce qui serait dommage car la minorité municipale est un des acteurs de cette participation et devrait également être formée. C’est notre première proposition.
Depuis le début du mandat plusieurs actions ou projets ont été menés. Regardons-les de plus près :
Réunions de quartiers
Chaque dernier samedi du mois Madame le Maire, accompagnée d’élus et d’agents, rencontre des habitants au sein de leurs quartiers. Sont évoqués les spécificités du quartier, en général liées aux travaux, à la sécurité, etc. Nous n’avons pas vu tous les comptes-rendus de ces différentes réunions, s’il en existe. Ce qui est bien dommage car ils auraient leur place sur le site internet de la commune pour les 99% d’habitants du quartier qui ne sont pas présents à ces réunions. Tout comme il est dommage que nous n’y soyons pas conviés officiellement (nous sommes présents lorsque l’un d’entre nous habite le quartier).
Ces réunions sont les bienvenues, mais non rien d’exceptionnelles, c’est le b.a.ba de la communication d’une commune, discuter avec les habitants, leur rendre des comptes. Ce qui est exceptionnel c’est que ce type de réunions n’est jamais eues lieu sous les mandats précédents.
Budget participatif
Chaque année (en 2021, et à nouveau en 2022) une somme de 30.000 € est dédiée à des projets proposés par des habitants de la commune, et répondant à des critères prédéfinis : dépenses d’investissement, utiles à la collectivité, respectueux de l’environnement, etc.
Un groupe d’élus et d’agents municipaux, auquel nous participons, organise la sélection de ces projets, et garantit le respect du règlement qui y est joint.
Nous avons eu l’occasion en Conseil Municipal d’acter l’intérêt et la réussite de ce projet, et de sa gouvernance.
Sondages
Depuis le début du mandat la municipalité privilégie les sondages. Or, les sondages, dans un contexte de participation citoyenne, peuvent être utiles pour terminer une phase de concertation, de confrontation de projets, où les différentes options ont été présentées, discutées, et doivent être départagées.
En matière d’urbanisme par exemple Fuveau Demain demande depuis le début du mandat à ce que des travaux associant techniciens (architectes, paysagistes…) et habitants soient organisés pour planifier le développement de Fuveau (équipements publics, logements, plan de circulation …). Un sondage, une consultation, pourrait, le cas échéant, clore ces travaux
Projet d’urbanisme aux Rajols
Ce projet anachronique a été décidé lors du mandat précédant mais il était difficile à Madame le Maire de dédire son adjoint à l’urbanisme, à l’origine du projet. Un habile sondage auprès des habitants (78% se sont déclarés opposés au projet) lui a permis de l’annuler. Dans ce cas, la participation citoyenne est instrumentalisée.
Sens de circulation avenue Célestin Barthélémy
Lors des travaux de réhabilitation du centre-ville (Cours Leydet, Boulevard Emile Loubet) il y a 4 ou 5 ans, cette rue avait été passée en sens unique et le stationnement des 2 cotés autorisé.
Vous souvenez-vous avoir été consulté pour cette réhabilitation couteuse ? pour le changement de sens de circulation au centre-ville ? pour le goudronnage du parking du jeu de boules qui s’y est ajouté ? Non.
En revanche, vous pouvez maintenant décider à la marge si les 200 mètres de cette avenue seront à double-sens ou pas. Sans explications, sans vous donner les tenants et les aboutissants des 2 options, les contraintes réglementaires éventuelles… Résultats : échanges de noms d’oiseaux sur les réseaux sociaux ou chacun défend ses intérêts personnels : ceux qui s’y garent veulent garder le sens unique, ceux qui ne veulent pas faire le tour par la rue du Chanoine Moisan demandent le double sens. Sans aucun souci du collectif.
Lorsque la participation citoyenne débouche sur l’antagonisme des répondants, c’est qu’il y a un problème.
Aménagement d’un espace, quartier St-François
https://www.mairiedefuveau.fr/consultation-quartier-saint-francois/
10 ans que le développement du quartier St-Francois (pré de l’Ouvière, parking, champ Campillo) a commencé. 10 ans que les habitants se plaignent du manque de communication (on ne parle même pas de concertation), 10 ans que le CIQ communique à la place de la municipalité et fait le suivi des travaux.
Et au bout de 10 ans … un sondage sur un terrain de 730 m2 pour demander aux habitants la couleur du tobogan qui va y être installé ?
730 m2 sauvegardés à mettre en parallèle de la création de tout un quartier, la perte de nombreux arbres, aucun échange sur les circulations douces ou sur les principes architecturaux.
Premier étage bastide Vitalis
Dernier né des sondages, la destination du premier étage de la bastide Vitalis, l’ancien PMU en haut du cours Leydet, qui est en phase de reconstruction. En 2019 (juste avant les élections) un appel à projets avait été lancé pour le rez-de-chaussée, et c’est une brasserie qui s’installera une fois les travaux terminés. Au 1er étage il était prévu d’installer l’office du tourisme, qui est effectivement à l’étroit dans son local actuel, mais quelqu’un a soudainement réalisé qu’un office du tourisme au 1er étage … comment dire … ça n’existe pas !
On demande maintenant aux Fuvelains de décider si l’on veut des salles de réunions ou un espace de coworking.
Un étage de disponible à la bastide Vitalis … la maison des Associations à réhabiliter … ainsi que le château Bourelly … le pôle culturel qui va lui aussi être réhabilité et agrandi … sans que la population n’ait pu dire ses demandes (seuls les services auraient été consultés) Quelle sera la cohérence entre ces différents bâtiments publics ?
Une vraie concertation serait de planifier le devenir de ces 4 bâtiments en même temps :
- C’est d’abord une phase d’écoute des habitants, de propositions, de comparaison (voir ce qui se fait ailleurs) pour aboutir à différents projets.
- Puis une phase de confrontation de ces projets, d’échanges contradictoires, d’évaluation financière, règlementaire et technique.
- Et enfin une phase de vote, si le consensus ne s’est pas dégagé, en toute connaissance de cause, chacun en fonction de sa compréhension de chacun des projets, de leurs avantages et inconvénients.
Conclusion
L’adjointe à la Participation Municipale est également, et avant tout, adjointe à la Communication. Et en effet, à l’exception du budget participatif, il ressort au bout de bientôt 2 ans d’exercice que la Démocratie Participative à Fuveau est surtout un outil au service de la communication de Madame le Maire. Un gadget.