Fuveau méconnu : Fuveau en 1841
Recensement de 1841 [1]
La France est sous la monarchie de Juillet. Le ministre des Finances Georges Humann demande aux Préfets un recensement général des propriétés bâties, des portes et fenêtres, des individus passibles de la taxe personnelle, des patentables et des valeurs locatives, ceci afin d’améliorer le rendement de l’impôt ; la presse d’opposition, qu’elle soit légitimiste ou républicaine, déclenche une campagne de critiques. Des émeutes auront lieu dans certaines villes. Mais le recensement a lieu, nous le décryptons dans cet article
1841 est l’année de naissance de Renoir et Turner. Victor Hugo est élu à l’Académie française.
Une loi, très mal appliquée, réglemente le travail des enfants dans l’industrie. Il est interdit pour les moins de 8 ans, limité à 8 heures par jour entre 8 et 12 ans et à 12 heures pour les 12-16 ans, interdit la nuit pour les enfants de moins de 13 ans.
La France achète Mayotte. Le Royaume Uni obtient Hong-Kong. Bugeaud est en Algérie. David Livingston débarque en Afrique du Sud
En Provence, dans le déferlement de la contestation antifiscale une tentative de prise d’armes est organisée par des ouvriers marseillais avec le soutien de sociétés secrètes du Vaucluse.
La construction de l’aqueduc de Roquefavour, (1841 à 1847) pour amener l’eau de la Durance jusqu’à Marseille, démarre.
A Fuveau :
Le Maire s’appelle Philippe Menut, il est propriétaire et habite La Grande Bastide, il a un(e) domestique. Il a un adjoint, Jean-Baptiste Etienne, lui-même propriétaire dans le quartier de la Croix.
L’instituteur Charles Verminck dont la statue trône sur la place de l’église, habite au quartier de la Guinguette. Il vit alors avec 4 filles et 2 fils, l’aîné deviendra armateur, vivra en Afrique et financera une expédition pour découvrir les sources du Niger. Mais Charles n’est pas seul, on trouve deux autres instituteurs, l’un est qualifié d’instituteur communal, vit derrière l’église et s’appelle Joseph Calixte Derbez ; l’autre est Magdeleine Raoux. Elle habite dans le quartier de la place.
On trouve à Fuveau une accoucheuse : Sabine Brignol,veuve Bourges (elle habite Chateau neuf), un chirurgien et un médecin. Le fossoyeur s’appelle Lazare, le sacristain : Louis Esprit Barthelemy, le vicaire : Louis Granon et le curé : Pierre Joubert. Le cantonnier Antoine Long habite le quartier de la traverse. Une auberge se trouve au Jas de Bassas.
Les métiers dominants sont ouvriers mineurs (environ 126 familles, sur Fuveau centre essentiellement), cultivateurs (environ 158 familles), 12 ménagers (agriculteurs, petits propriétaires) et un métayer (qui devait exploiter un grand terrain pour pouvoir disposer de deux domestiques). Viennent ensuite les journaliers (31 familles) et charretiers (22 familles).
On note la présence d’ouvriers de la soude du fait de l’usine proche.
On trouve 6 bourgeois (large majorité de femmes) et 25 propriétaires, qui doivent être rentiers.
Tous les métiers sont représentés, quelques uns autour du cheval, mais peu. On trouve même un marin.
La partie « agglomérée » regroupe 412 familles et 1 622 personnes, mais au total (avec les écarts) la population de Fuveau est de 2 100 personnes (1 072 du sexe masculin et 1 028 du sexe féminin), 884 garçons et filles soit 42 % de la population qui est donc très jeune. A noter qu’en 1946, la population de Fuveau se montera à 2 139 individus, grande stabilité donc durant un siècle.
Les patronymes les plus cités [2]
- dans les naissances de 1841 : Blanc (4), Barthelemy (8), Coulomb (4), Depousier (4), Etienne (5), Long (5), Moustié (4), Suzanne (5), Vitalis (4) ;
- dans les décès : Bonfillon (2), Blanc (3), Barthelemy (5), Deleuil (3), Depousier (2), Fouques (2), Gautier (2), Laugier (2), Moustié (2), Vitalis (3).
- 13 mariages ont eu lieu, cette même année : Nicolas Barthelemy avec Julie Barthelemy, André Bonnefay avec Modeste Bonfillon, Joseph Badot avec Marie Vitalis, Benoit Barthelemy avec Marie Barthelemy, Lazare Barthelemy avec Marie Frégier, Antoine Boitias avec Marie Rose Christophe, Louis Graugier et Marie Etienne, Thomas Long et Marguerite Vidal, Joseph Michel avec Marie Dorothée Suzanne, Gaëtan Negrel avec Sophie Michel, Joseph Royan avec Marie-Thérèse Odoulay, Marcelin Senes et Marie Bremond, Louis Vitalis avec Marguerite Barthelemy
Le village est découpé en quartiers du centre et en écarts. Certains sont maintenant dans l’agglomération (Masse, Bégude…) mais étaient des écarts à cette époque.
Bonne découverte.
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[1] Le recensement est disponible en ligne aux archives départementales des Bouches-du-Rhône
[2] On trouve aussi sur le site des archives, les tables de naissance, de mariages et de décès ainsi que les actes correspondant. On peut également avoir accès aux enregistrements des actes notariés, exploits d’huissiers, actes judiciaires, actes sous seing privé et titres de propriété ou d’usufruit d’immeuble.
[3] Voir données transmises par M. ROUBAUD : « d’après la carte de Cassini, la guinguette se situait au bout de l’actuelle rue du 4 septembre. »
[4] Données M. Roubaud : « le quartier Montplaisir était au niveau du vieux cimetière, il est noté en plusieurs endroits que le cimetière après avoir été longtemps autour de la chapelle Saint Michel avait été transféré d’abord sur l’actuelle place du monument aux morts , puis en 1847 au quartier Montplaisir où il se situe toujours dans l’actuel vieux cimetière. »
[5] « Le quartier des fabriques existe toujours, et encore ainsi cadastré c’est la plaine qui allait de la voie de chemin de fer Gardanne-Carnoules jusqu’à la Barque, une très belle vue d’ensemble est sur la page de La Barque (http://jf-ber.roubaud.pagesperso-orange.fr/index.htm). Le nom provient de la fabrique du sieur Menut qui y faisait fabriquer de la soude à destination des savonneries de Marseille. Un peu plus loin, au quartier de la potasse, il fabriquait de la potasse toujours pour la savonnerie… les premières graves pollutions. »