Fuveau Méconnu : Victor d’Hupay, philosophe
UN PHILOSOPHE PRÉCURSEUR VIVAIT A FUVEAU AU XVIIIème SIECLE
En 1746, Victor d’Hupay naît dans une famille bourgeoise de La Tour-d’Aigues dans le Luberon.
Il écrit ses premiers textes sur l’économie rurale à l’âge de dix-sept ans. Pour lui, l’agriculture est la base de la richesse et il entend bien faire prospérer les terres familiales.
Il possède une des plus importantes bibliothèques de l’époque sur ce sujet et conteste l’étalage de richesse des barons car, disciple de Rousseau, il prône une vie plus simple et plus rurale, loin du tumulte des villes. Il lit les philosophes des Lumières et souhaite mettre leurs idées en action.
En 1770, il achète la bastide de Puget à Fuveau, et devient coseigneur de Fuveau. Il appelle la bastide familiale restaurée de Fuveau Generalif (en référence au palais médiéval des princes arabes de Grenade). Il publie alors, en 1777, son premier ouvrage, « Projet de Communauté philosophe ». Il souhaite réunir en sa nouvelle demeure un cercle d’amis pour une vie en communauté et se définit lui-même comme auteur communiste — mot existant depuis le XIIe siècle pour désigner certaines formes de mise en commun des biens —
Pendant la Révolution, Victor d’Hupay s’enthousiasme pour les idées nouvelles. Il adresse plusieurs projets d’éducation nationale et de modèles de gouvernement à l’Assemblée nationale. Il milite également pour la suppression du mariage, qu’il voit comme une forme de propriété conjugale tyrannique. L’émancipation des femmes serait, pour lui, liée non pas à la question de la citoyenneté et à l’accès au droit de suffrage, mais à l’instauration d’une égalité concrète entre les sexes dans l’organisation de la vie quotidienne, affective et sexuelle. Pourtant, malgré son engagement, il est emprisonné sous la Terreur et sa maison de Fuveau est pillée.
Il meurt à Fuveau en 1818, à l’âge de soixante-douze ans. Son œuvre tombe ensuite totalement dans l’oubli.
Son œuvre pédagogique est intéressante. Elle est basée sur le jeu et la capacité des enfants des deux sexes à s’instruire par eux-mêmes. Pour cela, il invente divers instruments et machines ludiques permettant d’autonomiser l’élève dans le processus d’apprentissage des connaissances. Une grande partie des jeux pédagogiques de d’Hupay est fondée sur l’imprimerie. Il refuse d’établir une hiérarchie entre enseignement manuel et intellectuel. Il préconise également l’organisation dans chaque commune de jeux où les filles et les garçons chercheront à obtenir l’estime de leurs concitoyens (beaux-arts, exercices corporels…). À rebours des prescriptions des révolutionnaires qui séparent l’éducation des filles et des garçons, d’Hupay est un des rares hommes révolutionnaires à proposer une formation des garçons aux travaux domestiques et des filles aux travaux en « dehors de la maison ».
Il semble bien que la pédagogie active de d’Hupay, avec l’usage ludique de l’imprimerie et l’objectif majeur d’autonomie de l’enfant, est précurseur de Célestin Freinet.
Célestin Freinet (1896-1966 Vence) est un pédagogue français, qui développe avec l’aide de sa femme Élise, et en collaboration avec un réseau d’instituteurs, toute une série de techniques pédagogiques basée sur l’expression libre des enfants : texte libre, dessin libre, correspondance interscolaire, imprimerie et journal scolaire, enquêtes, réunion de coopérative, etc. Il conçoit l’éducation comme un moyen de progrès et d’émancipation. Son nom est attaché à la pédagogie Freinet qui se perpétue de nos jours. A Aix-en-Provence, une école Freinet se trouve à La Mareschale (https://www.facebook.com/lagrandemaresch/).
Sources : http://www.hupay.fr/pages/vie-d-hupay.html
https://www.cairn.info/revue-les-etudes-sociales-2016-1-page-7.htm : La pédagogie nouvelle de Victor d’Hupay : utopie et émancipation des femmes (1789-1807)