Le bagnard de Fuveau
BAILLE Eugène Marius est né à Fuveau en 1870 (quatorze décembre). Il est fils de BAILLE Barthelemy Bernard Jean Baptiste et ROYERE Noémie Fortunée qui ont eu 6 enfants. Le père est maçon, fils de maçon, et originaire de Trets, la mère est originaire de Trets. Pourquoi ont-ils quitté Trets ? Peut-être parce que Fuveau était attractive à cette époque, du fait des mines.
On trouve cette famille au recensement de 1876, habitant Les Garrias-St Michel. Deux petites filles vont mourir en bas âge (Antonia Théorinde et Virginie Marie Madeleine). La famille partira plus tard pour Marseille où elle se trouve à la fin de ce XIXe siècle.
Suivant les sources, Eugène Marius est journalier ou boulanger.
Il est condamné, par le tribunal correctionnel de Marseille à 3 mois et 1 jour de prison pour vol en juin 1887, puis deux mois de prison pour vol en 1888, puis 4 mois pour coups et blessures en 1889, puis 4 mois de prison pour vol en 1890. En 1891, la cour d’assises d’Aix le condamne à 10 ans de travaux forcés et 20 ans d’interdiction de séjour pour vols qualifiés. Son pourvoi est rejeté en septembre 1891
Il tombe sous le coup de la loi du 27 mai 1885 portant relégation des récidivistes. Cette loi établit une « présomption irréfragable d’incorrigibilité », c’est-à-dire qu’elle fixe un nombre de peines, une quantité d’infractions au-delà de laquelle un individu est déclaré totalement inamendable par la pénalité classique ». Elle instaure de surcroît le principe de la « double peine » (ou « doublage ») : tout individu condamné à moins de huit années de travaux forcés est tenu, à l’expiration de sa peine, de résider pendant un temps égal à la durée de sa condamnation. Si la peine est supérieure à huit ans, il doit y résider à vie.
Le dernier convoi vers ce bagne aura lieu en 1938…
Just’ avant de partir pour la Guyane, Marius (21 ans) se marie à Avignon le 14 janvier 1892 avec Valérie GAUTIER (29 ans) née à Trets, fille de fournier (qui cuisait le pain).
A bord du Ville de St Nazaire, il arrive le 9 février 1892, aux Iles du Salut.
Il s’évadera en août 1898 (repris 15 jours plus tard), en décembre 1898 (repris immédiatement), en janvier 1900 (repris 6 mois plus tard), en mars 1901 (repris 22 mois plus tard), en juin 1903 (repris immédiatement), en juin 1903 (repris deux ans plus tard), en décembre 1906 (repris 3,5 ans plus tard), en janvier, mars et juin 1917 (repris immédiatement). Il a 47 ans. A chaque fois, il est condamné davantage. Comment a-t-il vécu pendant ses périodes de liberté ?
Il meurt aux Iles du salut, le 3 novembre 1920.