Enquête publique – Centrale biomasse de Gardanne / Meyreuil
Du 5 mai au 6 juin a eu lieu une enquête publique concernant l’approvisionnement en biomasse (c’est-à-dire en bois) de la centrale de Gardanne / Meyreuil. L’intitulé exact en est :
Enquête publique complémentaire portant sur le complément d’étude d’impact prenant en compte les effets indirects de l’approvisionnement en bois de la Centrale de Provence présentée par la société GAZELENERGIE GENERATION
Particuliers, entreprises, associations, collectivités, … tout le monde était invité à participer en apportant son avis, dont le commissaire enquêteur fera la synthèse.
Fuveau faisant partie des 324 communes du périmètre de l’enquête une délibération a été présentée lors du conseil municipal du 2 juin, pour déterminer la position de la commune. Les échanges avec la majorité n’ayant pas été fructueux, nous avons majoritairement voté Contre (7 contre, 1 abstention) la position de la commune qui consiste à être favorable, pour des raisons principalement sociales (préservation de 250 emplois), avec un bémol sur l’approvisionnement en bois (du Brésil, en camion, …). Il faudra se reporter aux termes exacts de la position de la commune lorsque le procès-verbal de ce conseil sera disponible.
Cette position nous semble pour le moins étonnante puisque le sujet de l’enquête publique n’est pas le projet de centrale biomasse en lui-même, mais spécifiquement l’approvisionnement en bois de ladite centrale. Le bémol de la commune porte donc sur le sujet central de l’enquête !
Nous avons posté sur le site de l’enquête publique la contribution suivante au nom de Fuveau Demain
Cette contribution émane des 8 élus du collectif ‘Fuveau Demain’ de la commune de Fuveau (13), voisine de la centrale.
Nous émettons un avis défavorable concernant cette étude d’impact sur l’approvisionnement en bois de la centrale pour les raisons suivantes :
1. Gigantisme du projet
Initialement de 800 000 tonnes par an le projet a été revu à la baisse en 2024 à 545 000 tonnes par an devant provenir au 2/3 de France et au 1/3 de l’international (en 2023 nous étions encore à 50 % de chaque origine). Importer plusieurs centaines de milliers de tonnes de bois de Brésil, du Canada, ou d’ailleurs est un non-sens environnemental qui devrait être interdit de par l’empreinte carbone liée au transport en bateau. Apporter de même d’autres centaines de milliers de tonnes de forêts française (1/4 sud-est principalement) signifie également empreinte carbone et pollution atmosphérique (camions sur les routes).
2. Etat de la forêt française
Les associations ainsi que les organismes publics s’accordent sur l’état des forêts françaises. Si elles sont nombreuses (elles occupent 31 % du territoire) elles sont en mauvais état. L’ONF constate ainsi (sur son site internet) que 5 % sont en état de dépérissement, et que leur taux de mortalité a augmenté de 80 % en 10 ans.
La forte demande en biomasse qu’engendrerait la confirmation de ce projet se traduirait par des abattages plus nombreux et moins raisonnés (la hausse des prix poussant les propriétaires et gestionnaires de forêts à la vente).
En complément de ces 2 points, en lien direct avec l’étude d’impact, il faut également prendre en compte d’autres aspects d’ordre économique :
3. Rendement de la centrale
Le rendement de l’ordre de 30 % est très faible pour de la production d’électricité (GazelEnergie annonce 37 % en 2030). Sur 100 arbres brûlés, seuls 30 se retrouveront effectivement dans les câbles d’EDF.
4. Argent public
Le contrat signé entre GazelEnergie et l’Etat inclut des aides publiques de 800 millions d’€, correspondant à un rachat de l’électricité produite de 4 à 5 * le prix du marché. A l’heure où la production d’électricité en France est excédentaire (développement des énergies renouvelables et disponibilité accrue du nucléaire) ceci est un non-sens économique.
Conclusion
Nous émettons donc un avis défavorable concernant non seulement l’impact sur l’approvisionnement en bois, mais plus globalement sur le projet de centrale biomasse tel qu’il est proposé.
Aux arguments environnementaux et économiques cités ci-dessus les partisans du projet n’opposent qu’un argument : celui des emplois en jeux. Mais d’autres projets de reconversion de la centrale existent, qui permettraient un nouvel élan industriel à Gardanne / Meyreuil.